Emmanuel Carrère, Le Royaume

Posté le Jeudi 29 janvier 2015

Le Royaume est un régal de lecture comme la plupart des romans de cet auteur que j’aime beaucoup. Le sujet pourrait paraître difficile, peut attractif et pourtant… Emmanuel Carrère réussit à parler des écritures des évangiles, de la naissance du Christianisme comme d’une intrigue quasiment policière, nous faisant partager son enquête, ses questions de croyant puis de non-croyant. Ce livre est à lire et relire particulièrement aujourd’hui où l’on comprend que les religions, leurs rites, les textes fondateurs doivent être replacés dans leur contexte historique au risque de scléroser une spiritualité qui, par essence, doit s’adapter aux hommes d’aujourd’hui et à leurs  conditions de vie. Je n’en dirai pas plus. D’après une petite enquête que j’ai menée, croyants et athées apprécient ce livre sans que leur « foi » ne soit ébranlée. C’est un gros pavé que j’ai lu comme un roman!

A lire en dégustant un bon verre de vin ou une tisane au ginseng.

tapti @ 14:15
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Caryl Ferey « Haka » et « Utu »

Posté le Jeudi 9 janvier 2014

Si vous aimez les polars qui vous emmènent loin, vous serez servis avec ces deux livres d’un  auteur français  encore jeune (né en 1967). Le cadre est celui de la Nouvelle Zélande, les héros sont  entre autres les Maoris, peuple décimé et exploité comme les aborigènes d’Australie. De beaux personnages de flics blessés, désespérés mais encore humains et si touchants. L’action est rude, les meurtres bien sanglants, les intrigues très bien menées. C’est presque revigorant même si les histoires sont terribles car le narrateur, qui n’est pas loin, écrit pour défendre ces peuples à qui les colons ont tout confisqué et à qui ils ne restent plus que la violence pour se faire entendre.

Une bière bien fraîche comme on en boit en Nouvelle Zélande!

tapti @ 18:54
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« Mudwoman » de Joyce Carol Oates

Posté le Mercredi 8 janvier 2014

Mudwoman, drôle de roman de l’un de mes auteurs préférés! Je me suis un peu perdue dans cette histoire, peut-être parce que le personnage lui-même est perdue en dedans d’elle-même. J’ai eu du mal parfois  à avancer dans ma lecture comme si j’étais retenue par un poids, une lourdeur celle de cette femme brillante qui perd tous ses repères, ses certitudes lorsqu’elle revient non loin du lieu de son enfance, du lieu où sa mère l’a abandonnée gisant dans la boue.

L’univers de ce roman m’a plu, mais j’ai été un peu déçue par la manière dont la narratrice met en scène son personnage. On regrette par exemple que le personnage qui la sauve de la boue ne réapparaisse qu’une seule fois alors qu’elle pense à lui, qu’elle se souvient de lui, alors qu’il est lui aussi un être à part.

Cela dit, c’est quand même un roman de Joyce Carol Oates ! Donc c’est toujours une écriture magistrale pour décrire des univers à la fois familiers et étranges.

On boit quoi en lisant ce beau livre? Un café gourmand? Pourquoi pas!

Bonne lecture…à bientôt!

tapti @ 21:29
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« Nue » Jean-Philippe Toussaint

Posté le Jeudi 5 décembre 2013

Lisez ce petit roman! Un délice! Rien que la première scène du défilé de mode…Imaginez un modèle présentant une robe…de miel! Et qui défile entourée d’un essaim d’abeilles…

Marie est toujours l’héroïne de ce roman, le narrateur toujours près d’elle sans oser trop s’approcher. De quoi ça parle finalement? De l’impossibilité de dire son amour, de le montrer, de l’impossibilité de se passer de l’autre même si l’autre ne veut plus de vous, de l’incapacité à entendre l’autre, à l’écouter… Mais Marie est l’anagramme du verbe aimer et ce roman, très court, en est la preuve.

Il faut boire quelque chose de doux en lisant ce roman, peut-être une tisane avec du miel et un petit gâteau? 

tapti @ 18:17
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« Esprit d’hiver » de Laura Kasischke

Posté le Jeudi 5 décembre 2013

Je ne connaissais pas cette auteure américaine et j’ai lu ce roman qui vient de sortir. L’adjectif qui me vient à l’esprit si je veux qualifier ce livre, c’est « terrible ». L’histoire est terrible, atroce, le style est lui aussi « terrible ». Mais ne vous croyez pas que je n’ai pas aimé, au contraire, j’ai été complètement immergée dans l’univers à la fois poétique et tellement dur, tellement fou de cette romancière. Par certains côtés, elle m’a rappelé Joyce Carol Oates et ses romans toujours si ancrés dans une réalité difficile, dramatique et aussi étrange. Mais Laura Kasischke cache l’horreur sous un vernis de normalité quand Joyce Carol Oates nous plonge très vite dans des univers exceptionnels où s’agitent des personnages au destin exceptionnel. Je ne vous en dis pas plus au sujet d’ Esprit d’hiver, sauf que l’action se passe en une seule journée, le jour de Noël, dans un seul lieu  et met en scène principalement deux personnages. Une tragédie donc, et quelle tragédie! 

Pour se remettre, je pense qu’un chocolat chaud serait le bienvenu…

tapti @ 18:05
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Coucou! me revoilà!

Posté le Samedi 24 août 2013

Ceci ne sera pas un article sur un livre que j’ai lu, non! Une amie m’a demandé si j’écrivais toujours sur mon blog, du coup j’ai eu envie de le faire revivre! C’est un peu compliqué de retrouver les réflexes pour s’en servir, le visuel a changé mais bon, j’y arriverai bien. J’ai beaucoup lu depuis 2011, je vais choisir un ou deux romans qui m’ont vraiment énormément plu et je vous en parle très vite. Je pense à Grégoire Delacourt et son livre si drôle et triste à la fois La Liste de mes envies… En voilà déjà un! Et Sombre dimanche d’Alice Zeniter…Bon, à plus! Buvez un petit café corsé en dégustant une part de gâteau St. Germain en attendant…

Brigitte

tapti @ 15:34
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la légende de Bloodsmoor de Joyce Carol Oates

Posté le Lundi 19 septembre 2011

Encore un roman extraordinaire de Joyce Carol Oates! Quel régal! Chaque page est jubilatoire. Avec un humour féroce, en se plaçant du point de vue de cette famille du XIX ème siècle où la vie des femmes surtout est réglée pas une sorte d’étiquette inspirée par Dieu que l’on cite à tout bout de champ. Une fille doit toujours avoir les mains occupées, elle brode, tricote, crochette… de toutes façons, elle prépare son trousseau de mariée et les mariages sont arrangés par le grand – père. Les pères sont soit absents soit distraits par des passions qui les tiennent loin du foyer et donc loin de leurs filles. Et ces filles, en grandissant, sentent un besoin impérieux de liberté et -oh! sacrilège- osent fuir cette famille de gens rapaces et hypocrites sous des dehors pieux et religieux. La force du roman, c’est essentiellement la voix de la narratrice qui conte cette histoire en faisant celle qui s’offusque au nom de Dieu et des bonnes manières des frasques de ces filles qui cherchent simplement à vivre heureuses. Cette famille dépeinte comme une famille tragiquement frappée par la faute de ses filles scandaleuses est en réalité totalement ignoble et le procédé de narration de Joyce Carol Oates apporte au récit une force de dénonciation formidable des moeurs de ce siècle finissant avec ses interdits, ses carcans que les corsets symbolisent si bien et ses appétits féroces mais dissimulés sous des dehors bien pensants parfumés et sucrés comme les thés et les pâtisseries des après-midis incontournables.
Lisez – le, savourez un thé au gingembre peut-être?

tapti @ 23:04
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Toute une histoire de Hanan el-Cheikh

Posté le Dimanche 27 février 2011

Un roman qui ne m’a pas plu, qui m’a déçue. Pas une seconde je n’ai cru à ce récit d’une vie racontée par sa mère analphabète à l’auteure. Pourquoi cet artifice ? Tout est cliché, construction artificielle là où on veut nous faire croire que c’est cette femme, mariée alors qu’elle n’était qu’une enfant, qui parle. Je me suis ennuyée du début à la fin.

Pour me remettre, je boirai un bon café bien fort avec un chocolat!

tapti @ 23:20
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Le convoi de l’eau de Akira Yoshimura

Posté le Samedi 19 février 2011

Je viens de le terminer! Absolument superbe, un bijou…

Un thé bien sûr! à savourer en lisant ce beau roman.

tapti @ 9:41
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Des Hommmes de Laurent Mauvignier

Posté le Lundi 25 janvier 2010

Pourquoi ce roman n’a-t-il pas eu un prix? pourquoi n’a-t-il eu aucune voix des Goncourt? Et pourtant quel roman!!! « Des Hommes « et pas « les hommes »…il s’agit de quelques – uns de ceux qui ont « fait » la guerre d’Algérie, qui sont partis sans savoir ce qui les attendait, qui en sont revenus incapables d’en parler, d’y penser même, quasiment sidérés dans le sens premier du terme. Le roman tourne autour d’un de ces hommes revenu au village de son enfance, devenu une sorte de marginal, plus ou moins toléré par la communauté parce qu’il ne vit pas comme eux, parce qu’il ne peut oublier. Toute la force de ce livre réside dans l’écriture. Le narrateur, qui d’ailleurs laisse parfois la parole à d’autres, fait partie des ces anciens d’Algérie, on comprend que c’est un ami de ce personnage surnommé « Feu-de-Bois ». Il l’observe, il le suit, il est tiraillé entre l’empathie pour cet homme blessé par une histoire familiale non résolue et par une histoire personnelle commencée en Algérie et tristement terminée à Paris  et la solidarité avec les villageois qui secrètement voudraient que ce « Feu-de-Bois » disparaisse. Qu’il disparaisse parce que sa vue leur donne mauvaise conscience. Et les souvenirs de cette guerre sans nom reviennent hanter le narrateur pendant que le village tente de se coaliser pour faire enfermer cet homme qui au début du récit veut juste faire plaisir à sa soeur. Petit à petit, grâce par exemple à une série de  phrases courtes commençant par « et », le narrateur nous donne à voir son personnage:  » Et puis il a avancé. Et puis il a appelé Solange. Et puis en avançant vers elle il a appelé Solange de plus en plus fort. » Ces trois phrases sont un condensé du style particulier de Laurent Mauvignier: la répétition de « et puis », la reprise de  » a avancé » et « a appelé » dans la troisième phrase, l’ajout de « de plus en plus fort » font voir une scène inquiétante, le personnage semble menaçant. Une page plus loin, le narrateur évoque « un cri » et il faut encore de nombreuses phrases, longues celles-ci, pour que l’on comprenne que ce cri est simplement celui d’une femme qui n’est pas Solange, surprise de « voir soudain devant elle » en se retournant « cet homme si inattendu ici, devant elle, si redoutable ». Ce « cri »  pourrait laisser penser que le personnage qui le provoque est dangereux et pourtant la boîte qu’il tient à la main est un cadeau pour sa soeur Solange…

L’histoire commence ainsi par le désir d’un homme de faire un cadeau à sa soeur devant des témoins qui n’acceptent pas un tel geste parce qu’il s’est mis en marge de leur société, parce qu’ils le considèrent comme un assisté. Et c’est cette incompréhension, ce rejet qui est le fil rouge du roman. Petit à petit, par des notations de plus en plus précises( comme si le  narrateur tournait autour de l’essentiel jusqu’à ce qu’il arrive à dire les sentiments, les pensées, les hésitations ), par des retours en arrière, des narrations prises en charge par des témoins différents de la même scène, l’auteur nous raconte cette tragédie d’un homme incompris qui ne veut pas et ne peut pas oublier et qui donne mauvaise conscience aux autres, et particulièrement au narrateur. « Feu-de-Bois » est vu par les autres comme un fou, un homme violent qui doit être enfermé pour protéger le village, alors que tout ce qu’il fait est très peu par rapport à la manière dont c’est rapporté et commenté par les protagonistes.

Un roman dont le sujet est peut-être l’incommunicabilité, le silence, l’impossibilité d’écouter l’autre et soi-même.

Que boire en lisant ce roman? Un bon café ou un chocolat chaud pour se réchauffer…

 

tapti @ 11:59
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