Shangaï et Pékin sont les lieux d’une fuite en voiture, en taxi, en train, en moto. Le narrateur doit remettre une enveloppe contenant une grosse somme d’argent à un certain Zhang Xiangzhi, relation d’affaires de Marie, restée à Paris. Il rencontre Li Qi, jeune chinoise avec qui il a un bref moment d’intimité, interrompu par la sonnerie du portable que Zhang Xiangzhi lui avait mis d’office dans la main à son arrivée en Chine. Et ce téléphone lui apprend la mort accidentelle du père de Marie.L’argent sert à acheter de la drogue, ce qui sera la cause d’une fuite en moto à travers les rues de Pékin pour échapper aux policiers et cacher le petit paquet. Le narrateur semble subir passivement tous ces événements mais il nous fait pénétrer dans ses pensées et nous comprenons qu’il fuit à sa manière tout ce qui lui arrive. La mort du père de Marie lui fait avancer son retour en France et nous assistons alors au retour du narrateur sur des lieux aimés, auprès d’une femme aimée mais qu’il a eu besoin de fuir pour la retrouver. Dans les dernières pages du roman, c’est elle qui le fuit pour le forcer à la rejoindre et tous deux communient dans les larmes et l’eau de mer. L’écriture est froide, technique, précise. Les phrases sont souvent longues, comme si les mots se poussaient les uns les autres vers la fin, vers les derniers mots de l’histoire. L’auteur dit ce qui se passe, dit les choses, dit les actes. Pas de dialogues au discours direct, que des paroles indirectes pour mieux mettre à distance les émotions, les sentiments des personnages. Le titre contient à lui seul tout le roman: fuir l’amour, fuir la mort, fuir les sentiments, fuir la vie peut-être parce qu’on a peur du contact avec l’autre.
Un beau roman, un style très étrange et qui ne laisse pas indifférent.
Que boire en lisant ce roman? Le cocktail que Li Qi commande au barman du bowling: « un cocktail spécifique qui semblait nécessiter des recommandations particulières, avec des dosages particuliers, de couleurs et d’alcools, des soupçons et des larmes, de vert, de blanc et d’ambre. »