Mudwoman, drôle de roman de l’un de mes auteurs préférés! Je me suis un peu perdue dans cette histoire, peut-être parce que le personnage lui-même est perdue en dedans d’elle-même. J’ai eu du mal parfois à avancer dans ma lecture comme si j’étais retenue par un poids, une lourdeur celle de cette femme brillante qui perd tous ses repères, ses certitudes lorsqu’elle revient non loin du lieu de son enfance, du lieu où sa mère l’a abandonnée gisant dans la boue.
L’univers de ce roman m’a plu, mais j’ai été un peu déçue par la manière dont la narratrice met en scène son personnage. On regrette par exemple que le personnage qui la sauve de la boue ne réapparaisse qu’une seule fois alors qu’elle pense à lui, qu’elle se souvient de lui, alors qu’il est lui aussi un être à part.
Cela dit, c’est quand même un roman de Joyce Carol Oates ! Donc c’est toujours une écriture magistrale pour décrire des univers à la fois familiers et étranges.
On boit quoi en lisant ce beau livre? Un café gourmand? Pourquoi pas!
Bonne lecture…à bientôt!
Je ne connaissais pas cette auteure américaine et j’ai lu ce roman qui vient de sortir. L’adjectif qui me vient à l’esprit si je veux qualifier ce livre, c’est « terrible ». L’histoire est terrible, atroce, le style est lui aussi « terrible ». Mais ne vous croyez pas que je n’ai pas aimé, au contraire, j’ai été complètement immergée dans l’univers à la fois poétique et tellement dur, tellement fou de cette romancière. Par certains côtés, elle m’a rappelé Joyce Carol Oates et ses romans toujours si ancrés dans une réalité difficile, dramatique et aussi étrange. Mais Laura Kasischke cache l’horreur sous un vernis de normalité quand Joyce Carol Oates nous plonge très vite dans des univers exceptionnels où s’agitent des personnages au destin exceptionnel. Je ne vous en dis pas plus au sujet d’ Esprit d’hiver, sauf que l’action se passe en une seule journée, le jour de Noël, dans un seul lieu et met en scène principalement deux personnages. Une tragédie donc, et quelle tragédie!
Pour se remettre, je pense qu’un chocolat chaud serait le bienvenu…
Encore un roman extraordinaire de Joyce Carol Oates! Quel régal! Chaque page est jubilatoire. Avec un humour féroce, en se plaçant du point de vue de cette famille du XIX ème siècle où la vie des femmes surtout est réglée pas une sorte d’étiquette inspirée par Dieu que l’on cite à tout bout de champ. Une fille doit toujours avoir les mains occupées, elle brode, tricote, crochette… de toutes façons, elle prépare son trousseau de mariée et les mariages sont arrangés par le grand – père. Les pères sont soit absents soit distraits par des passions qui les tiennent loin du foyer et donc loin de leurs filles. Et ces filles, en grandissant, sentent un besoin impérieux de liberté et -oh! sacrilège- osent fuir cette famille de gens rapaces et hypocrites sous des dehors pieux et religieux. La force du roman, c’est essentiellement la voix de la narratrice qui conte cette histoire en faisant celle qui s’offusque au nom de Dieu et des bonnes manières des frasques de ces filles qui cherchent simplement à vivre heureuses. Cette famille dépeinte comme une famille tragiquement frappée par la faute de ses filles scandaleuses est en réalité totalement ignoble et le procédé de narration de Joyce Carol Oates apporte au récit une force de dénonciation formidable des moeurs de ce siècle finissant avec ses interdits, ses carcans que les corsets symbolisent si bien et ses appétits féroces mais dissimulés sous des dehors bien pensants parfumés et sucrés comme les thés et les pâtisseries des après-midis incontournables.
Lisez – le, savourez un thé au gingembre peut-être?
Un roman qui ne m’a pas plu, qui m’a déçue. Pas une seconde je n’ai cru à ce récit d’une vie racontée par sa mère analphabète à l’auteure. Pourquoi cet artifice ? Tout est cliché, construction artificielle là où on veut nous faire croire que c’est cette femme, mariée alors qu’elle n’était qu’une enfant, qui parle. Je me suis ennuyée du début à la fin.
Pour me remettre, je boirai un bon café bien fort avec un chocolat!
Je viens de le terminer! Absolument superbe, un bijou…
Un thé bien sûr! à savourer en lisant ce beau roman.
Vite! vite! vite! Précipitez-vous chez votre libraire et achetez, volez, subti..lisez absolument ce roman jubilatoire, plein d’humour et aussi très touchant. une écriture à quatre mains, un roman par lettres et télégrammes, une histoire dont le protagoniste est l’amour des livres et de la vie.
Je ne vous en dis pas plus, dévorez-le en sirotant une tasse de thé accompagnée d’ une part de tarte aux framboises confectionnée par Amélia, une des personnages si attachants de ce livre.
Avez-vous lu Les Chutes du même auteur? Il faut lire ce livre!
Quant à La fille du Fossoyeur, je suis en train de terminer ce dernier roman d’une auteure américaine qui crée des univers noirs, terribles, des personnages poignants, surtout des personnages de femmes. Tout est toujours dur, parfois même épouvantable dans ses romans et pourtant elle sait laisser briller une petite lumière qui nous attire et nous pousse à continuer à lire. Je vous en dirai plus quand j’aurai fini ma lecture, mais je peux déjà dire que je ne suis pas déçue. L’héroïne est un magnifique personnage de roman.
Un bon café bien fort? Allez, oui, avec un petit chocolat praliné!
Shibumi de Trevanian, roman de 441 pages. Roman d’espionnage, comme le dit la 4ème de couverture, mais c’est plus que ça. C’est l’histoire d’un personnage, sorte de gentleman-tueur, élévé dans la tradition japonaise,maîtrisant 5 ou 6 langues, emprisonné pour des raisons de lutte de pouvoir entre les Russes et les Américains au lendemain de la 2ème guerre mondiale. Torturé, drogué, rendu presque fou de solitude et qui s’en sort par la seule force de son esprit, il met la main sur des livres écrits en basque et apprend le basque comme Le joueur d’échecs apprend les échecs tout seul dans sa cellule pour ne pas devenir fou. Il n’aura d’autres buts une fois sorti que se venger de ses tortionnaires…je n’en dis pas plus.Mais si je vous dis: -prison, isolement, vengeance -éducation, connaissances, éthique -propiétés, fortune, château -réseau de connaissances, secrets des « grands » de ce monde -vit avec une très belle femme un peu mystèrieuse – sens du sacrifice, fidélité -foi dans la parole donnée…Vous penserez peut-être à un autre roman, je vous aide, un roman du XIXème siècle.
Bref, lisez Shibumi et dégustez un thé japonais assis devant une petite table basse, face à un jardin agencé pour écouter la pluie sur les pierres, sur les feuilles, sur le sable, puis laissez-vous porter comme Nicholaï Hel vers une prairie juste agitée par un vent léger…
Un très beau roman, émouvant, qui associe de manière très juste les nazis et les intégristes musulmans. Une belle écriture à deux voix, celle de deux frères qui se découvrent pas delà la mort. Et surtout de refus du mensonge, cette volonté de faire éclater la vérité coûte que coûte pour vivre plus légèrement: »Et s’ils me posent la question:Et toi que feras-tu?Je leur répondrai:Dire la vérité, partout dans le monde. Après, on verra. »
Boire un thé à la menthe ou une bonne bière bien fraîche.
Un père et son fils, dans un contexte improbable ou que l’on espère tel. Les événements qui ont eu lieu, l’environnement dans lequel ils vivent, la lutte pour la vie à chaque seconde, sans répit, sans espoir c’est ce qui fait avancer ces personnages. La voilà la route sur laquelle ils marchent, avec comme seul but d’aller vers le Sud. Et pourtant, ils vivent ces deux personnages, par leur relation, par leur volonté de rester des « gentils », c’est-à-dire des êtres humains. C’est bouleversant. L’écriture surtout me touche. Quel beau travail de traduction! Des phrases construites de telle façon que le lecteur voit les gestes, les attitudes, ressent les sentiments des personnages, leurs émotions alors que le champ lexical des émotions et des sentiments est quasiment absent de ce livre. Mais tout est dit dans ce qui n’est pas dit mais montré. Tout est dit de manière si juste dans les dialogues aussi. Ecoutez: » Il y avait dans le plancher un anneau vert-de-grisé. Il allongea le bras et reprit le balai et balaya la cendre. Il y avait des traits de sciage dans les planches. Il nettoya les planches avec le balai et s’agenouilla et replia les doigts dans l’anneau et souleva la porte de la trappe et l’ouvrit. » Ce « replia les doigts dans l’anneau« …Comme si on nous passait les images d’un film au ralenti ou image après image. Et cela donne tellement de chair aux personnages! Et ce dialogue:
» On ne mangerait jamais personne, dis-moi que c’est vrai?
Non.Evidemment que non.
Même si on mourait de faim?
On meurt déjà de faim maintenant.
Tu as dit que non.
J’ai dit qu’on n’était pas en train de mourir. Je n’ai pas dit qu’on ne mourait pas de faim.
Mais on ne mangerait personne?
Non. Personne.
Quoi qu’il arrive?
Jamais. Quoi qu’il arrive.
Parce qu’on est des gentils.
Oui. »
Un quête de vérité des personnages, de leur relation qui est aussi celle d’une écriture la plus riche et la plus dépouillée à la fois. Chaque objet décrit ou évoqué est appelé par son nom exact, technique s’il le faut. Aucun à peu près, les gestes sont décomposés, les paroles sont le plus souvent brèves parce que les mots ne peuvent dire les sentiments, mais ces quelques mots entre le père et l’enfant sont lourds d’une telle intensité, d’une telle vérité de ce qui est éprouvé que le lecteur est constamment ému, au bord des larmes. Comme les personnages qui pleurent aussi. Ces larmes on les retrouve dans les autres romans de l’auteur. Lisez La trilogie des confins: ces jeunes cow boys qui partent chercher l’aventure et surtout quittent un quotidien sans travail et sans espoir, ne parlent pas beaucoup mais s’arrêtent parfois au bord des chemins et versent des larmes. Il y a chez Cormac McCarthy quelque chose de tragique. Les larmes sont purificatrices et elles sont l’expression vraie d’un bouleversement. On peut parler faux, on ne peut pas pleurer faux.
Alors que boire après une telle lecture, un tel coup de poing? Moi, j’ai eu la gorge trop serrée et je n’ai rien avalé. Sauf ce livre qui restera un de mes livres de chevet.