Paris-Brest de Tanguy Viel

Posté le Dimanche 24 janvier 2010

C’est une sorte de roman d’apprentissage, d’apprentissage de l’écriture. le narrateur quitte Brest pour Paris et finit par revenir à Brest, son manuscrit sous le bras, pour régler ses comptes.  » Tout le monde devrait faire le point sur son histoire familial, ai-je pensé, pariculièrement un 20 décembre, c’est-à-dire un jour où il est important d’être soutenu dans l’épreuve d’y aller, tandis qu’au fond d’eux-mêmes, comme tout le monde ils rêvent d’écrire un roman sur leur propre famille, un roman qui en finit avec ça, les veilles de Noël et les parenthèses mal fermées. »

Dans ce roman, pseudo-réalité et invention  se mêlent de plus en plus au fur et à mesure que l’on avance dans le récit,  jusqu’à ce que le lecteur ne sache plus ce qui se veut de l’ordre de l’autobiographie ou du roman. Le style de Tanguy Viel est limpide mais chaque phrase est pleine de sous-entendus qui renvoient aux non-dits, aux « parenthèses mal fermées ». C’est surtout, pour moi, une mise en abyme de l’écriture romanesque. Plus que l’histoire familiale du héros avec ses secrets, ses non-dits, ses rancoeurs et ses incompréhensions, c’est l’histoire de l’écriture d’un roman qui trouve son sujet, ses personnages dans la vie du narrateur mais qui ne sait que répondre à ses proches lorsqu’ils lui demandent s’il parle d’eux dans son livre. Ainsi le narrateur-personnage nous dit souvent « dans mon livre [...] il y avait son cadavre empoussiéré et toute la famille… », «  dans mon livre je ne l’ai pas appelé comme ça. » Tanguy Viel donne une sorte de leçon d’écriture romanesque et le lecteur a parfois le vertige: la grand-mère est-elle morte ou non, Kermeur a-t-il menacé la mère du narrateur d’un pistolet ou non? et même dans l’épilogue, son père l’accompagne-t-il vraiment jusque sur le quai de la gare dans un ultime sursaut de courage et de tentative de rapprochement avec son fils ou est-ce une invention romanesque…peut-être plus vraie que si cela s’était vraiment passé?

Un beau livre, un auteur plein de talent et je trouve dommage qu’on n’en parle pas davantage. Il faut lire par exemple L’Absolue perfection du crime et Insoupçonnable. Des histoires qu’on ne lâche pas facilement…

Allez! à lire en buvant un bon verre de vin rouge? pourquoi pas? accompagné d’une assiette de tranches fines de saucisson sec…

 

 

tapti @ 16:06
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Le chemin des âmes de Joseph Boyden

Posté le Mercredi 20 janvier 2010

Un remarquable premier roman qui vous emmène à la fois dans les tranchées de la guerre de 14 et dans le monde des Indiens du Canada. Je préfère en dire le moins possible car l’essentiel de la beauté de ce livre tient dans l’histoire qui est racontée, histoire épouvantable et magnifique à la fois d’un homme qui revient de la plus épouvantable boucherie de l’Histoire et d’une femme, vieille indienne pleine de sagesse et de savoirs ancestraux et qui essaie de ramener à la vie ce neveu plongé dans les souvenirs horrifiques de la guerre.

Que boire en lisant ce roman terrible et émouvant? pourquoi pas une tisane au gingembre? Avec un morceau de galette à la frangipane, c’est de saison…

tapti @ 11:40
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Vers l’aube de Dominic Cooper, La femme de midi de Julia Franck, Julius Winsome de Gerard Donovan, Paris-Brest de Tanguy Viel

Posté le Mardi 12 janvier 2010

emoticoneQuatre romans dont je parlerai dans quelques jours pour renouer avec mes lecteurs virtuels…mais lisez-les, ce sont de magnifiques histoires, certes pas très optimistes mais si belles!… et qui vous dépaysent aussi! A bientôt, buvez du thé pas trop infusé ( pas plus de 4 minutes) en lisant ces beaux romans et dégustez une part de gateau au chocolat ou de gateau aux amandes en poudre appelé « gateau Saint Germain » et dont une amie m’a donné la recette.emoticone

tapti @ 11:25
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Le cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates par Mary Ann Shaffer et Annie Barrows

Posté le Jeudi 16 juillet 2009

Vite! vite! vite! Précipitez-vous chez votre libraire et achetez, volez, subti..lisez absolument ce roman jubilatoire, plein d’humour et aussi très touchant. une écriture à quatre mains, un roman par lettres et télégrammes, une histoire dont le protagoniste est l’amour des livres et de la vie.

Je ne vous en dis pas plus, dévorez-le en sirotant une tasse de thé accompagnée d’ une part de tarte aux framboises  confectionnée par Amélia, une des personnages si attachants de ce livre.

tapti @ 15:44
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La Promesse d’Hubert Mingarelli

Posté le Vendredi 20 mars 2009

Voici le nouveau roman de l’auteur d’Hommes sans mère,  de La Beauté des Loutres, de La dernière neige entre autres. Encore un roman dont le héros  est un homme. Les femmes sont souvent absentes ou dans l’ombre dans l’univers de ce romancier. Les hommes sont très présents, même s’ils ne sont jamais vraiment décrits physiquement car les personnages cherchent  à savoir qui ils sont plutôt que à quoi ils ressemblent. Ainsi Vassili, le compagnon d’ »école de mécaniciens de la flotte » dit à Fedia à propos de leur instructeur Goussegov  » demande-toi qui il est »,  » Cherche à savoir qui est Goussegov ». Leur amitié date de cet épisode et « la promesse » dont le livre porte le titre éponyme n’est pas celle qu’on imagine au début du roman quand Fedia part seul, sans son fils, sur le lac, avec une petite boîte d’allumettes remplie d’une partie des cendres de Vassili. La quête de l’endroit propice où déposer ces cendres est celle du personnage lui-même qui cherche cette fois à savoir qui était Vassili , qui il est lui-même et quelle valeur accorder à cette promesse que Vassili lui avait faite « que toi et moi nous ne serions plus jamais loin l’un de l’autre » .

Pour moi, la réponse est dans ce passage magnifique et bouleversant des retrouvailles de Vassili et de Fedia après plusieurs mois de navigation chacun sur un bateau différent: « Et avant même qu’il [Vassili] eut fini de  traverser la passerelle jusqu’à lui , Fedia sut qu’il avait l’âme et le coeur brisés. » Et aussi dans cette phrase terrible de lucidité à la fin du roman: »Et c’est ainsi qu’il se vit quitter le glorieux bateau de Vassili, brisé, mais en emportant aussi tout au fond de lui une honte pour lui-même, invisible, et si grande qu’elle ne l’avait jamais quitté d’une seconde, qu’elle avait toujours marché à côté de lui, comme un chien rusé disparaissant chaque fois qu’il mordait, et qui le mordait encore cette nuit, alors qu’il tirait sur les avirons. »

Qu’est -ce que cette honte si ce n’est celle qu’on éprouve lorqu’on a trop entièrement cru en quelqu’un et que la confiance aveugle, naïve, enfantine, n’était pas réciproque? Ce roman, c’est peut-être celui d’un être qui n’a pas su grandir. Comment pourra-t-il raconter cette douleur à son fils comme il le lui a promis avant de partir, lui qui n’a pas encore surmonté ce chagrin d’avoir perdu un ami bien avant qu’il ne meure?

Encore un beau roman, attachant, si près des sentiments humains.

 Fedia boit du café, préparé dans un thermos. Je boirais bien un café aussi, pas trop fort en relisant certains passages de cette écriture si limpide, si liquide.

tapti @ 16:45
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Les déferlantes de Claudie Gallay

Posté le Dimanche 7 décembre 2008

Un très beau roman écrit à la première personne par une narratrice qui s’est réfugiée à La Hague près de Cherbourg sous l’aile à la fois  tutélaire et menaçante d’un phare auquel est liée une histoire de naufrage et de disparition. Elle a perdu l’homme qu’elle aime et elle essaie de se reconstruire tout en recenssant les oisieaux du littoral. Un homme revient sur les lieux d’un drame familial et réveille les vieilles histoires d’ amour et de mort. Au fur et à mesure qu’il va découvrir la vérité sur la disparition des siens, elle va apprendre à aimer à nouveau. Les Déferlantes sont les vagues de cette côte sauvage, ce sont aussi les sentiments éprouvés par les personnages.

A lire en buvant un whisky ou un café.

tapti @ 16:33
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Syngué Sabour de Atiq Rahimi

Posté le Vendredi 14 novembre 2008

Enfin un prix Goncourt mérité! Ce monologue de femme est une merveille! Lisez-le! mais lisez aussi Terre et cendres. C’est un récit très émouvant mettant en scène un grand père, son petit fils et son fils dans un Afghanistan violenté et endeuillé par la  guerre.

Du thé, bien chaud et fort, à boire en lisant ces livres.

tapti @ 14:55
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L’Amant des morts de Mathieu Riboulet

Posté le Vendredi 14 novembre 2008

Tout le temps de la lecture de ce petit livre étonnant, à l’écriture un peu précieuse, voire baroque, je me suis demandée à quelle histoire, à quel livre il me faisait penser. C’est à la dernière page que j’ai compris. C’est une sorte de réécriture, selon moi, de la légende de Saint Julien l’hospitalier, de la nouvelle écrite par Flaubert dans Trois contes. Jérôme, héros du roman, se donne tout entier aux hommes qu’il rencontre et trouve une forme de paix et un sens à sa vie en se couchant la nuit tout contre les mourants du sida pour les réchauffer, leur insuffler un peu de vie, les accompagner dans la mort.Il devient leur « amant » et se délivre peut-être de la soumission au sexe à laquelle son père l’avait forcé nuit après nuit avant qu’il ne s’enfuie comme sa mère elle-même avait fui son ogre de mari et son fils consentant.C’est dur à lire, mais c’est très beau, jamais vulgaire, très poétique.

Que boire en lisant ce petit livre? je ne sais pas, moi, j’aurais envie d’un bon verre de vin, tiens!

 

tapti @ 14:49
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La fille du fossoyeur de Joyce Carol Oates

Posté le Vendredi 7 novembre 2008

Avez-vous lu Les Chutes du même auteur? Il faut lire ce livre!

Quant à La fille du Fossoyeur, je suis en train de  terminer ce dernier roman d’une auteure américaine qui crée des univers noirs, terribles, des personnages poignants, surtout des personnages de femmes. Tout est toujours dur, parfois même épouvantable dans ses romans et pourtant elle sait laisser briller une petite lumière qui nous attire et nous pousse à continuer à lire. Je vous en dirai plus quand j’aurai fini ma lecture, mais je peux déjà dire que je ne suis pas déçue. L’héroïne est un magnifique personnage de roman.

Un bon café bien fort? Allez, oui, avec un petit chocolat praliné!

tapti @ 17:40
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La traversée du Mozambique par temps calme de Patrice Pluyette

Posté le Vendredi 7 novembre 2008

Rien que le titre « par temps calme » vous donne le ton du livre. On ne peut pas raconter ce roman. C’est une histoire qui ne peut exister que sur le papier, les personnages, les décors, les péripéties incroyables, invraisemblables, tout est possible grâce à un crayon et une feuille, rien n’existerait sans ça. C’est un roman sur le pouvoir de la littérature, sa capacité à créer des mondes, des hommes et des femmes, des dialogues, des aventures loufoques et cocasses. On rit très souvent, on lit à haute voix certaines phrases, on les relit pour s’en imprégner, on ne se demande pas si ce qui est raconté est possible ou non, on l’accepte, c’est tout, comme un conte. Et finalement, à la dernière page, on pense aux contes philosophiques et on se dit que derrière cette histoire improbable de marins d’eau douce embarqués sur les mers pour trouver un Eldorado, Candide et Zadig ne sont pas loin.

Et s’il avait le Goncourt des lycéens?

Moi, je boirais bien un jus de fruits exotiques bien frais en lisant ce livre. Et vous?

tapti @ 17:32
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